dimanche 5 juin 2011

Ni butté(e), ni soumis(e) — Pourquoi résister encore !?

 La grande aptitude en arts martiaux est bel et bien la docilité. Ce n'est pas dans le sens de dire que l'élève doit devenir un parfait béni-oui-oui du maître au point de gober tout ce qu'il dit, mais qu'il accepte d'essayer les choses tel que le "maître" lui demande. Être docile, c'est se donner la capacité d'apprendre à s'adapter aux conditions imposées au lieu d'imposer ses propres conditions.

 Or, le véritable "maître" n'est pas l'enseignant, mais le "tao (kata, enchaînement)". L'enseignant n'est qu'un gardien du temple. En respectant l'exigence de chaque posture, chaque mouvement du tao, le corps s'efforce de s'adapter à une espèce de moule étriqué (il est donc naturel que l'on éprouve difficulté et frustration).  Et ce moulage lui permet de restructurer l'armature, d'en forger le noyau, afin de passer de mode habituel sportif en mode martial.

 Comme l'a dit Baltasar Gracian Y Morales, "Le premier signe de l'ignorance, c'est de présumer que l'on sait." Toute résistance à l'idée que l'on ignore est donc peine perdue, qui ne fait que rallonger le chemin vers la restructuration du corps. Être docile, c'est faire semblant d'ignorer ce que l'on prétend savoir.

 Le travail superficiel du tao à sa guise, sous prétexte de chercher la souplesse et la fluidité avec une philosophie à deux balles, ne nous mène nulle part et, encore pire, n'engendre que des gestes sclérosés. (Je n'imagine pas les dégâts s'ils sont erronés...)

 Celui qui s'entête à ne voir que par le petit bout de sa lorgnette d'une perspective limitée ne passera jamais sous le portail des arts martiaux internes, quel que soit le nombre d'années d'expérience en pratique.

 Être docile, c'est suivre fidèlement l'ornière tracée par nos prédécesseurs, et ce par le chemin le plus court !

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